Semaine du 27 mai au 2 juin 2024 : QUAND LE CIEL BAS ET LOURD PÈSE COMME UN COUVERCLE

Chaque semaine, retrouvez les coups de cœur du 5e Lieu !

A l’heure où ces mots s’écrivent, où le ciel est inépuisable d’eau et nos âmes météo-mimétiques embuées de mélancolie, rencontrer nos pairs d’infortune est un premier réconfort. Ainsi nous nous disons: nous ne sommes plus seuls dans la désolation.

PROJECTION-RENCONTRE : LA NOIRE DE… – OUSMANE SEMBENE

Le Cosmos

Samedi 1 juin 15h

Tarifs cinéma / Prévente : caisse du cinéma

Ousmane Sembene donne à voir avec ce film (prix Jean Vigo 1966) l’envers du décor des grandes vagues d’immigrations africaines de la seconde moitié du XXème siècle. Il en restitue la part féminine, trop souvent oubliée, et ce que leurs trajectoires donnent à voir de la recomposition des inégalités dans le sillage des décolonisations. C’est ainsi à travers l’histoire d’une jeune sénégalaise, que La Noire de… explore la nature et les effets de la domination culturelle. Alors que la jeune Diouana imagine continuer de travailler comme gouvernante pour les enfants du couple qui jusqu’alors basé à Dakar la ramène avec eux à Antibes, elle réalise bientôt son asservissement. Invisibilisée, isolée et cloîtrée, elle finit par se suicider.

 » La Noire de … fait partie des rares films africains que je me sentais prête à regarder, que j’ai choisi de regarder. J’étais très précautionneuse vis-à-vis des films africains que je décidais de voir, à l’époque c’était très douloureux pour moi de me risquer à tomber sur un film dont le regard du cinéaste africain lui-même était encore trop imprégné du prisme colonial. J’ai trouvé en La Noire de … un repère important, il faisait partie des rares films qui me montraient que le cinéma pouvait être un outil profondément libérateur et politique. » Mati Diop.

Toutes les films et les séances du Cosmos : https://cinema-cosmos.eu/

PROJECTION: AN ELEPHANT SITTING STILL – HU BO

Le Cosmos

Jeudi 30 mai 18h30

Tarifs cinéma / Prévente : caisse du cinéma

Adapté d’une courte nouvelle écrite par Hu Bo (le réalisateur s’est suicidé pendant la phase

de post-production), ce film (qui n’est jamais sorti sur grand écran en Chine continentale) pose la question : combien de temps avons-nous encore à vivre (et à être blessé·es) ?

Soit, dans une ville brouillardeuse du nord de la Chine, quelques destins coincés dans une impasse existentielle, qui se croisent le temps d’une journée menant de l’énonciation d’une légende urbaine par une voix féminine à sa mise à l’épreuve finale par des personnages….

An elephant… est un film à la beauté romantique fulgurante qui revient, plus qu’un autre, par la magie du cinéma, du grand pays des morts. Une lancinante tragédie dont la force réside dans sa capacité à créer du présent brut (les quatre heures de projection donnent presque l’impression de couvrir la même durée que la journée dont le film est la narration, comme si le temps du film était parvenu à compresser celui du jour sans aucune perte de définition, sans qu’aucun état émotionnel de ses personnages n’échappe à la caméra), polluée au dernier degré par le spleen psycho-carbonique du XXIe siècle.

Toutes les films et les séances du Cosmos : https://cinema-cosmos.eu/

THÉÂTRE : LE CHANT DU PÈRE – HATICE ÖZER

TNS – Gignoux

Du lundi 27 au mercredi 29 mai 20h

30€ à 6€ / Prévente : billetterie du 5e Lieu au guichet et billetterie du TNS au guichet, par téléphone au n° 03 88 24 88 24 et en ligne à l’adresse https://www.tns.fr/

Le Chant du père raconte l’histoire d’une fille obsédée par la perte (que restera-t-il du père ? des chants et des histoires ? des convivialités et des rituels ? de tout un héritage de l’exil ?) et la recherche d’une mise en scène de cette mélancolie.

En 1986, Yavuz Özer quitte la Turquie pour venir travailler en France ; il veut pour ses enfants une vie meilleure. Ouvrier ferronnier de métier, il est aussi conteur, chanteur et musicien dans l’âme. Il exerce son art auprès de la communauté turque du Périgord, chante l’exil, la nostalgie, accompagné de son luth oriental. Aujourd’hui, c’est sa fille, Hatice Özer, devenue actrice et metteure en scène, qui l’invite à la rejoindre sur le plateau pour partager avec le public un khâmmarât − le mot arabe à l’origine de « cabaret » et qui signifie : lieu où l’on boit et chante. Ensemble, père et fille évoquent, en turc ou en français, en mots ou en chansons, le lien profond qui les unit, la joie d’être triste, le désir d’art et de beauté qui se transmet à travers le théâtre et la musique.

Toutes les ressources en ligne du TNS :  https://www.tns.fr/

EXPOSITION : RÉMINISCENCE

Cryogénie

Du 17 au 30 mai

Entrée libre

Réminiscence rassemble le travail de six artistes récemment diplômées du Master « Arts plastiques – Recherches et pratiques situées » de l’Université de Strasbourg, sous la direction de Thomas Lasbouygues : Catia Biel, Victorine Georger, Inês Pires Pereira, Ornella Romeo, Mariia Tiunova et Yutong Yin.

Le titre de l’exposition se réfère au phénomène de retour à la conscience d’un souvenir imprécis, lié à l’affect. Les œuvres sélectionnées traitent du rapport au monde, abordé sous différents prismes : préparation du corps à la mort, expérience des travailleuses sur leur lieu de travail, lien à la famille ou rapport au numérique… Le point commun entre ces œuvres est précisément le retour, pour chaque artiste, à un souvenir ou un événement singulier, qui se déploie à la manière d’une réminiscence. En partageant ce phénomène intime, éminemment personnel, les œuvres plongent le spectateur dans un voyage introspectif, mêlant des sujets tels que le manque et la disparition.

CONCERT : GWENDOLINE

La Laiterie

Jeudi 30 mai 19h30

17€ 6€ / Prévente : billetterie du 5e lieu au guichet et https://www.artefact.org/

Derrière ce prénom aux origines celtes se cache un duo-antihéros rennais qui a sans doute puisé son inspiration au comptoir d’un troquet, dans l’amertume d’une bière plate. Entre désespoir et désœuvrement, le tandem piège son désenchantement dans une new wave magnétique comme on reste prisonnier des glaces. Une musique qui n’en a rien à foutre, n’a pas de projet, ne tente rien. Imaginez le parlé-chanté romantico-réaliste de Fauve, repris et sali par Rhume, sans espoir au bout du tunnel. Entre autodérision, sarcasmes et je-m’en-foutisme générationnel, Gwendoline se révèle profondément humain. De la poésie punk.

Première partie assurée par The Big Idea.

Tous les concerts de la Laiterie : https://www.artefact.org/