Semaine du 3 au 9 juin 2024 : L'ART DE PERDRE
Biblidéales (6-9 juin), Démostratif (4-8 juin), Printemps des Bretelles (31 mai – 9 juin), Entendez-Voir (4-9 juin), Oto-Labo (8-13 juin), Quinzaine des Cinéastes (5-19 juin), Couleurs Conte (22 avril -30 juin) et encore et encore… Dans la pléthore de la semaine, difficile de ne pas se perdre et le choix est tentant de se laisser aller au « moins », précisément vers la perte. Le fil s’égare alors entre manques et jamais-plus du passé et de la mort, oublis des mémoires en déroute, souvenirs et nostalgies, débâcle des capacités et des sens, identités sans contours et conduites éperdues.
THÉÂTRE-VIDÉO : MARYVONNE – CIE LES HABITANTES
Le Portique – Salle d’Évolution
Vendredi 7 juin 19h
Gratuit sur réservation à l’adresse https://demostratif.fr/
« En février 2018 je suis allée dans mon village en Champagne-Ardenne pour filmer ma grand-mère, pour avoir enfin la discussion que nous n’avions jamais eue toutes les deux. De cet échange fragile, tendu, pudique je retiens ce qu’elle me dit de son existence, la réalité de ses quatre-vingts ans, de son veuvage et sa vie d’intellectuelle. Je l’interroge sur des thèmes très basiques, mais la spontanéité et la sincérité de ses réponses font la force de notre échange, et je suis la plupart du temps sans voix et sans réponse. »
Maryvonne rejoue la conversation filmée entre une grand-mère et sa petite fille venue renouer le lien à la table du salon entre livres, café et cigarettes. Au fil de l’entretien, , les deux femmes reprennent avec pudeur un contact qu’elles n’attendaient plus et en émergent des mots qu’elles ne se sont jamais dit. Comment concrétiser ce besoin d’aller parler? Comment parler d’une intimité sans la brusquer ? Sur un fil, il est question d’aborder le non-dit d’une disparition, les déperditions qui fabriquent la vieillesse, la construction des liens familiaux…
Présenté dans le cadre de Démostratif – Festival des scènes émergentes du 4 au 8 juin.
Démostratif, la programmation complète détaillée : https://demostratif.fr/
POÉSIE: TOUTE LA VIE, POÈMES 1957–2016 – FERNANDO GRIGNOLA
Librairie Les Bateliers
Jeudi 6 juin 18h30
Entrée libre / réservation recommandée au n° 03 88 37 90 60 ou à l’adresse librairiedesbateliers@wanadoo.fr
Chez Grignola, la matière poétique est toute mémoire et nostalgie : celle des villages et collines (lesquels ne sont pas sans rappeler celles de Pavese), églises où les enfants allument des cierges, vignes et fêtes. Passé et présent s’enlacent dans ses textes résonnant d’une nostalgie pour un monde dont tout, ou presque, disparaît. Dont la condamnation est sans sursis depuis les débuts de l’industrialisation, la tendance culturelle à la standardisation, la métamorphose moderne des formes de vie communautaires et rurales. Que serait cependant, un paysage célébré sans l’emploi de sa langue singulière ? S’il est des échos dont garder le souvenir, c’est bien dans la langue du lieu qu’il faut les entendre. Car le choix du dialecte est, pour Grignola, corollaire de sa mission poétique : donner à la mémoire la possibilité d’une résurgence. L’effacement de ses personnages, lieux, gestes oubliés, objets, formes, traditions est évité grâce à la survie de ce trésor, qui les ranime et leur donne seconde vie : la langue dialectale.
A l’occasion de la Quinzaine du livre suisse en France, la librairie vous propose une soirée poétique bilingue (Luca Pfaff : tessinois / Marie-Jeanne Bagnasco : français) avec la lecture de larges extraits du recueil de l’anthologie parue aux éditions La Conférence en 2023 (première traduction française).
RENCONTRE : LA TRADUCTION – L’ART DE LA PERTE ? – ANDRÉ MARKOWICZ
BNU
Samedi 8 juin 17h
Entrée libre
Dans une traduction, il faut que « tout soit là, mais que veut dire “tout” ? La traduction, c’est l’art de la perte. D’où cette question : qu’est-ce que tu ne peux perdre en aucun cas ? »
Né à Prague en 1960, André Markowicz a traduit tout Dostoïevski, c’est-à-dire les romans et nouvelles en quarante-cinq volumes de l’auteur des Frères Karamazov. Il est aussi, avec l’aide inestimable de Françoise Morvan, le traducteur du théâtre complet d’Anton Tchekhov ou de Nicolas Gogol. Ou encore l’oreille précieuse qui mit près de vingt-cinq ans à restituer les 6500 vers d’Eugène Onéguine d’Alexandre Pouchkine. Tout ceci, parmi plus de 150 ouvrages depuis 1981, traduits du russe, de l’anglais, du latin ou du breton.
Présenté dans le cadre des Biblidéales – Il faut plus d’une langue pour dire le monde.
Les Biblidéales – Il faut plus d’une langue pour dire le monde : toute la programmation est en ligne : https://biblideales.fr/
PROJECTION : DESERT OF NAMIBIA – YOKO YAMANAKA
Star St Ex
Jeudi 6 juin 15h30
Tarifs cinéma / Prévente : caisse du cinéma
Desert of Namibia est un voyage dans la douleur et le chaos de l’adolescence, moment charnière où le fréquent sentiment de la perte de soi (de ne plus saisir les contours d’une identité devenue volatile parce qu’en train de changer) s’accompagne de conduites débordantes qui ne font qu’accuser ce sentiment. Comme s’il fallait noyer la perte dans la perte. Dans ce deuxième long métrage, la réalisatrice Yôko Yamanaka fait feu de tout bois et colle aux baskets d’une jeune femme bipolaire qui brûle la chandelle par les deux bouts. Portrait d’une génération Z tokyoïte sans idéal, ce film japonais surprend par son énergie et son irrévérence. Une mise en scène très physique portée par une actrice saisissante. Un cinéma qui ne manque pas d’atomes crochus avec les premiers films de Nobuhiro Suwa.
Présenté dans le cadre de la Quinzaine des cinéastes en salle – Cannes 2024 (du 5 au 19 juin).
Toute l’actualité du Star : https://www.cinema-star.com/
CONCERT : UN REQUIEM ALLEMAND – BRAHMS : ORCHESTRE PHILHARMONIQUE DE STRASBOURG
PMC
Mardi 4 juin 20h
58€ 6€ / Prévente : billetterie du 5e lieu au guichet et billetterie de l’OPS au guichet, par téléphone au n° 03 68 98 68 15, en ligne à l’adresse https://philharmonique.strasbourg.eu/
Même si contrairement à Mozart, Berlioz, Verdi ou Fauré, qui écrivirent des requiem latins, Brahms choisit de composer un Requiem allemand, qui est non pas une messe des morts mais une méditation sur le devenir de l’Homme dans l’au-delà, nos pensées n’en divaguent pas moins sur la finitude à l’écoute de cette pièce. Et c’est en choisissant lui-même une série de textes dans la traduction allemande de la Bible qu’il imagina cette vaste partition pleine de foi d’où les accents de terreur sont bannis.
Ébauchée en 1856, au moment de la mort de Schumann, l’œuvre fut créée en 1869 ; Brahms y laissa infuser le temps, preuve de la confiance qu’il mettait dans sa propre inspiration et dans la clémence de Dieu qui baigne la partition tout entière. Le timbre lumineux de Pretty Yende et la noblesse de Ludovic Tézier sont ici les voix de l’apaisement.
Dès 19h une conférence d’avant-concert Requiem, oratorio ou musique funèbre de Mathieu Schneider vous est proposée (entrée libre).
L’actualité de l’OPS : https://philharmonique.strasbourg.eu/