Semaine du 13 au 19 janvier 2025 : MAKE-UP & REMAKES
Versions originales bousculées par leurs adaptations (on en fait quoi des chefs d’œuvres ?), versions de soi versatiles quand l’identité se trouble et questionne (fards, parures, masques et prothèses à l’appui), versions du moi révélées ou retrouvées (quand nos pouvoirs de réparation et de résilience sont sans fin). La transformation est sur le devant de la scène.
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DANSE : BLACK LIGHTS – MATHILDE MONNIER
Pole-Sud
Mardi 14 et mercredi 15 janvier 20h30
26€ à 6€ / Prévente : billetterie Pole-Sud au guichet, par téléphone au n° 03 88 39 23 40, en ligne à l’adresse https://www.pole-sud.fr/
Grand Prix du syndicat professionnel de la critique, Black Lights s’inspire d’une dizaine d’épisode de la série d’ARTE H24 – 24 heures dans la vie d’une femme, dont l’écriture a été confiée au autant d’autrices européennes de renom. Après plus de quarante pièces, Mathilde Monnier interroge les violences faites aux femmes. D’Alice Zeniter à Siri Hustvedt, les mots détaillent les maux, le corps est successivement désiré, agressé, nié, rabaissé ou rétif. La chorégraphe en fait surtout le réceptacle d’un renversement et d’un processus de reconstruction. Source d’une polyphonie visuelle, la littérature fait naître le mouvement dans sa force et sa vulnérable fragilité. Alternent solos et scènes de groupe, virulence et résilience dans une œuvre collant à l’urgence d’une époque qu’elle regarde au fond des yeux, cherchant dans sa noirceur l’étincelle d’un renouveau.
Présenté dans le cadre du festival L’année commence avec elles, du 14 au 29 janvier 2025.
L’année commence avec elles, tout savoir sur le festival : https://www.pole-sud.fr/
DANSE : REFACE – CHANDRA GRANGEAN & LISE MESSINA / LES IDOLES
Pole-Sud
Mardi 14 et mercredi 15 janvier 19h
26€ à 6€ / Prévente : billetterie Pole-Sud au guichet, par téléphone au n° 03 88 39 23 40, en ligne à l’adresse https://www.pole-sud.fr/
Face à l’impossible discernement de soi et de l’autre dans une époque où la réalité n’est que trouble et illusion, Chandra Grangean et Lise Messina évoluent dans l’altération globale. Sparadraps et cellophane, scotch, perruques et blush sont autant d’outils de précision pour des transformations successives, déformant les perceptions à la manière d’une Cindy Sherman. Leur duo de blondes, même coupe au carré sur un jean, a ces faux airs inquiétants des Vieilles de Goya, yeux exorbités. Focalisée sur le visage, leur recherche plastique tient de l’émancipation face à la fixité des étiquettes et des normes sociétales. Multipliant clins d’œil et postures sur-jouées, elles mélangent les codes, brouillent les frontières, terrassent les certitudes.
Présenté dans le cadre du festival L’année commence avec elles, du 14 au 29 janvier 2025.
L’année commence avec elles, tout savoir sur le festival : https://www.pole-sud.fr/
THÉÂTRE : ON NE CHOISIT PAS SES FANTÔMES – MATHIAS MORITZ / GROUPE TONGUE
Taps Scala
Mardi 14 et vendredi 17 janvier 20h30, mercredi 15 et jeudi 16 janvier 19h
18€ à 6€ / Prévente : billetterie du 5e Lieu au guichet et billetterie Taps au guichet, par téléphone au n° 03 68 98 52 02, en ligne à l’adresse https://taps.strasbourg.eu/
Un homme et une femme s’évertuent à perpétuer les topiques d’une vie conjugale : le mariage réussi, la famille-modèle, les petits drames du quotidien, les grandes frustrations, la psychologie de chambre à coucher, le chantage affectif, la solitude dans le couple, la déchirure amoureuse et le grand vide de la séparation.
De cette histoire vieille comme le monde, Ingmar Bergman tire une série-culte suédoise dans les années 1970. À son tour, le réalisateur Hagai Levi revisite en 2021 ce mélodrame petit-bourgeois qui hante encore et toujours l’union sacrée du mariage, toutes classes sociales confondues. C’est ce fantôme persistant d’un modèle conjugal archaïque que Mathias Moritz réinterprète encore, cette fois au théâtre, dans une mise en scène jusqu’à l’os arrachant la chair du couple pour sonder la consistance du cœur.
À voir et à venir au Taps : https://taps.strasbourg.eu/
THÉÂTRE : CROIRE AUX FAUVES – LAURE WERCKMANN/ CIE LUCIE WARRANT
TJP Grande Scène
Mardi 14 janvier 14h30 et 19h, mercredi 15 janvier 20h, jeudi 16 janvier 14h30
21€ à 6€ / Prévente : billetterie TJP au guichet, par téléphone au n° 03 88 35 70 10, en ligne à l’adresse https://tjp-strasbourg.com/
Laure Werckmann plonge dans les ténèbres de l’autobiographie de Natassja Martin, Croire aux fauves et nous tire vers la lumière. À partir de ce texte dans lequel l’anthropologue raconte sa métamorphose après avoir été mordue au visage par un ours – le fil de la réparation, les temps et les traces que forment ses souvenirs, ses écrits, sa recherche et ses rêves – la comédienne crée un espace neuf où prothèses, maquillage et costumes permettent d’appréhender la reconstruction de l’autrice par une hybridation avec l’autre.
« J’aimerais que Croire aux fauves soit un spectacle sur la réparation », confie la metteuse en scène. « La réparation du corps blessé. La réparation de la relation humain / animal. La réparation du temps brisé, effacé. La réparation de la relation parent / enfant. La réparation de la relation acteur·rice / spectateur·rice. La réparation rêve / réalité. La réparation vie / mort. La réparation sauvage / civilisé. »
Au programme du TJP : https://tjp-strasbourg.com/
PROJECTION : SHOWGIRLS – PAUL VERHOEVEN
Le Cosmos
Mardi 14 janvier 15h45 (grande salle), vendredi 17 janvier 20h30 (petite salle)
Tarifs cinéma / Prévente : caisse du cinéma et https://cinema-cosmos.eu/
Remake des comédies musicales de la Metro-Goldwyn-Mayer des années 1940, la version de Verhoeven veut de la couleur, du bruit, du cynisme et du grotesque là où l’élégance romantique est traditionnellement de mise. Ici, les faux-ongles, les faux-cils et les nippies, artifices et mascarades, sont à la fois profusion et cache-misères dérisoires, masquant à grand peine une Amérique débarrassée de ses oripeaux, vulgaire, vile et obscène.
La crudité est telle, la charge tellement violente, que le retour de bâton sera à l’avenant. Bide commercial, Showgirls récolte une douzaine de nominations aux Razzie Awards (pour les pires films de l’année) et une mémorable volée de bois vert. Mais depuis quelques années, dans le sillage de Rivette pour qui Showgirls est l’un des grands films américains de ces dernières années (un film débarrassé de ses effets et littéralement « à poil »), un lent mouvement critique s’opère, réévaluation par le haut du film et de sa beauté secrète.
Tous les films et toutes les séances du cycle # 16 En Danse(s) : https://cinema-cosmos.eu/