27 décembre 2021 - 2 janvier 2022 : 100% musées
C’est la trêve des confiseurs… et pas seulement la leur. Les acteurs culturels sont en relâche et nous en sommes à pêcher dans le désert pour remplir notre boîte à idées de la semaine. C’est le moment propice pour penser « musées » et profiter de ce temps suspendu pour leur rendre visite comme on partirait en promenade.
Nous vous invitons donc cette semaine à regarder, admirer, réfléchir, devant les objets, documents et œuvres d’art des expositions temporaires en cours. À y retourner aussi si vous les aviez déjà explorées un peu trop à la hâte.
Le choix est varié : La Marseillaise et La Beauté du geste s’affichent au MAMCS, Rire à pleines dents. Six siècles de satire graphique anime les cloisons du Musée Tomi Ungerer, 1909. L’Alsace à Nancy se déploie au Musée Alsacien, et Jean-Jacques Henner. La chair et l’idéal prend largement ses quartiers au Musée des Beaux-Arts.
C’est aussi le bon moment pour lâcher les prétextes.
Les musées nous les connaissons, nous nous y rendons et retournons au fil des nouvelles propositions de leurs conservateurs et commissaires. Le moteur de la nouveauté nous y conduit et reconduit. Mais nous pouvons le quitter. Car si nous y réfléchissons bien : depuis quand n’avons-nous pas pris le temps d’aller au musée sans « mission », pour simplement musarder en territoire connu ? Il est temps de s’octroyer le temps pour de telles visites et de réanimer des souvenirs lointains.
Faïences Hannong, grès de Betschdorf, armoires Renaissance, peintures de Conrad Witz… les trésors des collections vous attendent…
Prenez le temps et envisagez la nouvelle année avec sérénité. Meilleurs vœux à tous !
EXPOSITION
L’ALSACE À NANCY
Musée Alsacien
26/11/21-23/05/22, 10-18h (fermé le mardi)
Prix : entrée du musée
Cette exposition retrace comment un salon international organisé en Lorraine a contribué à la création de stéréotypes et à façonner l’image folklorique de la région Alsace
En 1909, Nancy accueille une manifestation d’ampleur : l’Exposition Internationale de l’Est de la France, sur le principe des expositions universelles. Elle entend démontrer la vitalité économique et culturelle de ces territoires, aux portes de l’Empire allemand.
La présence au sein du comité d’organisation de plusieurs Alsaciens, installés dans la cité lorraine à la suite de leur option pour la France, est à l’origine de la volonté d’accorder une place de choix aux territoires annexés par l’Allemagne en 1871 et, en premier lieu à l’Alsace. C’est ainsi que naît l’idée de présenter à Nancy, dans le cadre de l’exposition, un village alsacien reconstitué donnant à voir une image idéale et nostalgique de la province perdue.
L’exposition 1909. L’Alsace à Nancy revient sur cet événement en en présentant les acteurs, les enjeux culturels et politiques, dans le contexte de durcissement des relations entre France et Allemagne, mais aussi en l’envisageant du point de vue de la construction des identités régionales. En effet, si le village alsacien de 1909 contribua à perpétuer le souvenir des provinces perdues dans la conscience nationale française, elle participa également à la construction d’une image satisfaisante, mais réductrice, de la région dont nombre d’éléments sont encore bien vivaces aujourd’hui.
Commissariat : Sophie Mouton, conservatrice du patrimoine, Palais des ducs de Lorraine – Musée lorrain, Nancy et Marie Pottecher, conservatrice en chef du patrimoine, Musée Alsacien
Pour accéder au site des Musées de la Ville de Strasbourg cliquez ici :
Lien : www.musees.strasbourg.eu
EXPOSITION
RIRE À PLEINES DENTS. SIX SIECLES DE SATIRE GRAPHIQUE
Musée Tomi Ungerer
19/11/21-13/03/22 10-18h (fermé le mardi)
Prix : entrée du musée
Ce thème n’a jamais été présenté en France. Cette exposition comble cette lacune en montrant des dessins originaux et des estampes provenant de diverses institutions publiques françaises et étrangères.
L’impertinence est une caractéristique fondamentale de la satire graphique. Celle-ci s’est exprimée au cours des siècles dans l’image imprimée par une grande diversité de sujets de société et de politique. Aux pamphlets de l’époque de la Réforme ont succédé les caricatures révolutionnaires et antinapoléoniennes, suivies de toutes celles qui ont émaillé les petits et les grands événements du XIXe et du XXe siècle jusqu’à nos jours. Des motifs iconographiques récurrents marquent la satire graphique, comme entre autres, la déformation du corps humain et la lutte des sexes.
Grâce à 120 œuvres et documents, l’exposition montre six siècles d’illustration satirique, en se basant sur les grands thèmes qui ont conduit ce registre des arts graphiques depuis les débuts de l’imprimerie à nos jours.
Commissariat : Thérèse Willer, conservatrice en chef du Musée Tomi Ungerer — Centre international de l’Illustration et Martial Guédron, professeur d’histoire de l’art à l’Université de Strasbourg, auteur avec Laurent Baridon de L’art et l’histoire de la caricature (Ed. Mazenod).
Pour accéder au site des Musées de la Ville de Strasbourg cliquez ici :
Lien : www.musees.strasbourg.eu
Le saviez-vous ?
À deux pas du musée Tomi Ungerer Square Markos Botzaris, se trouve l’œuvre La naissance de la civilisation. Ce monument du bimillénaire imaginé par Tomi Ungerer, est orné de la tête de Janus. La statue a été fondue à Süssen dans le Wurtemberg (Allemagne) d’après un modèle en plâtre réalisé par Denis Roth sur les conseils de Tomi Ungerer. Il figure une représentation de Strasbourg, ville natale de Tomi Ungerer, en « tête de pont » de la France vers l’Allemagne et l’Europe.
Janus, le dieu des entreprises propices, symbole de l’honnêteté, de la paix et de l’abondance, en est la proue. La tête symbolise la double identité alsacienne, et contemple le passé et l’avenir. Le morceau d’aqueduc est formé de 5000 briques maçonnées (fabriquées à Hochfelden, Alsace) autour d’une structure de béton armé. Le fronton porte une double inscription en latin et en français : « Argentoratum MM », d’un côté, « Strasbourg 2000 », de l’autre. Strasbourg était autrefois un camp romain, Argentoratum, dont on trouve les vestiges des remparts à proximité de la fontaine.
EXPOSITION
LA BEAUTE DU GESTE. OEUVRES CHOISIES PARMI LES DONS DES AMIS DU MUSEE (AMAMCS)
MAMCS
19/05/21-09/01/22 10-18h (fermé le lundi)
Prix : entrée du musée
À travers l’exposition La Beauté du geste, le MAMCS entend remercier chaleureusement l’indéfectible engagement des Amis du Musée d’Art moderne et contemporain (AMAMCS) qui soutiennent depuis plus de trente ans la réalisation d’expositions, d’éditions, et participent avec ferveur à l’enrichissement des collections du musée.
Cette exposition, présentée au rez-de-chaussée du musée, souligne la présence significative et souvent déterminante des AMAMCS aux côtés des équipes du musée. Ainsi, leurs dons composent un corpus extrêmement libre allant du symbolisme onirique de Max Klinger à l’expressionnisme contemporain de Damien Deroubaix, en passant par la peinture symboliste de Camille Claus, tout en traversant la poétique géométrie de Marcelle Cahn.
L’exposition La Beauté du geste propose six espaces, chacun portant le titre d’un ouvrage littéraire qui vient donner le ton de la salle : La vie dans les plis (Henri Michaux) ouvre ce parcours avec une présentation d’œuvres d’Alechinsky, de Hans Arp ou encore de César autour de l’idée libre d’abstraction. La rage de l’expression (Francis Ponge) explore l’intensité des émotions à travers les gravures de Max Beckmann, Erich Heckel, Käthe Kollwitz, ainsi que la peinture de Bernard Dufour. Les photomontages saisissants de John Heartfield prennent place dans une troisième salle, intitulée Fureur et mystère (René Char), où une trentaine d’images révèlent encore leur opposition déterminée face à la barbarie nazie tout en déployant leur inventivité artistique. Les vases communicants (André Breton) indiquent le passage entre le réel, l’imaginaire et l’art à l’aide des œuvres de Daniel Dezeuze ou encore d’Annie Greiner. Parmi Les Ombres errantes (Pascal Quignard) de Max Klinger ou aux côtés des anges du cinéaste Wim Wenders, le cinquième espace éclaire des œuvres à la présence évanescente. Comme une fin, les vanités de Markus Lüpertz nous font entendre Les voix du silence (André Malraux), voix d’un éternel recommencement que seul l’art sait si mélodieusement nous chanter.
Commissariat : Thierry Laps, assistant scientifique, MAMCS.
Pour accéder au site des Musées de la Ville de Strasbourg cliquez ici :
Lien : www.musees.strasbourg.eu
Le saviez-vous ?
Käthe Kollwitz, sculptrice, graveuse et dessinatrice allemande (1867-1945) fut, en 1919, la première femme à devenir membre de l’académie des Arts de Berlin.
EXPOSITION
LA MARSEILLAISE
MAMCS
05/11/21-20/02/22 10-18h (fermé le lundi)
Prix : entrée du musée
D’abord conçue comme chant de guerre pour l’Armée du Rhin à Strasbourg en 1792 avant de devenir l’hymne national français en 1879, La Marseillaise est un chant révolutionnaire qui a connu plusieurs postérités. Cette exposition qui lui est consacrée, présentée successivement à Marseille, Vizille et Strasbourg, explore le sujet dans une dimension élargie et pluridisciplinaire, croisant les registres de l’histoire, de la musicologie et des arts visuels depuis la fin du XVIIIe siècle jusqu’à nos jours.
Coproduite par le Musée d’histoire de Marseille, le Musée de la Révolution française à Vizille et le Musée Historique de la Ville de Strasbourg, cette exposition interroge les multiples rôles de ce chant qui résonne lorsque la patrie ou les droits de l’Homme sont en danger. Le parcours de l’exposition s’organise autour de trois axes majeurs : l’année de la composition de La Marseillaise (1792), sa diffusion comme chant de guerre, refrain révolutionnaire et hymne national, ainsi que son rôle patrimonial en France et à l’étranger.
Lorsque le maire de Strasbourg commande en 1792 le chant de guerre à Rouget de Lisle, la guerre vient d’être déclarée aux ennemis de la Révolution française susceptibles de vouloir restaurer la monarchie. Paroles et musique sont destinées aux troupes de l’Armée du Rhin. Parvenu à Marseille, il accompagne la montée des fédérés sur Paris. Dès lors ce chant de guerre, devenu L’air des Marseillois , retentit lors des conflits menés par la France.
Plus qu’un hymne guerrier, La Marseillaise devient le chant révolutionnaire lors des fêtes civiques et retentit désormais à chaque révolution. Elle conquiert le monde et est de toutes les rébellions : dès 1793 en Amérique du Sud, en 1794 en Pologne, au XIXe siècle elle accompagne les opposants au tsar, après 1850 elle est revendiquée par les Espagnols républicains. Au XXe siècle on la chante lors de la révolution russe de 1917, elle accompagne la longue Marche de Mao. En 1989 on l’entend sur la place Tienanmen et lors de la chute du mur de Berlin.
La Marseillaise sera consacrée hymne national français en 1879/80. Au XXe siècle, elle est instrumentalisée mais n’en demeure pas moins l’expression de la démocratie française. Entre les deux guerres elle est revendiquée par le Front populaire et utilisée contre le parti communiste. Pétain tentera de la réduire au silence. Elle rassemble les résistants en France, en Espagne mais aussi dans les camps de concentration. Après-guerre, tous les partis s’en réclament.
Au cinéma elle inspire affiches et cinéastes français et internationaux. Chahutée parce que déclinée en reggae par Gainsbourg, elle le sera par certains footballeurs en 2002. Symbole qui dérange, mais aussi chant qui rassemble, lors des attentats de Charlie Hebdo et quelques mois plus tard au Bataclan. Ses paroles heurtent et suscitent maintes réécritures.
Pour accéder au site des Musées de la Ville de Strasbourg cliquez ici :
Lien : www.musees.strasbourg.eu
Le saviez-vous ?
Le comédien et musicien Darry Cowl a incarné Rouget de L’Isle dans le dernier film réalisé par Jean Yann, la comédie intitulée Liberté, égalité, choucroute, sortie et 1985.
EXPOSITION
JEAN-JACQUES HENNER (1829-1905). LA CHAIR ET L’IDEAL
Musée des Beaux-Arts
08/10/21-24/01/22 10-18h (fermé le mardi)
Prix : entrée du musée
Le Musée des Beaux-Arts de Strasbourg rend hommage au peintre alsacien Jean-Jacques Henner à travers une rétrospective ambitieuse, riche d’environ 90 tableaux et 40 œuvres graphiques, réalisée en partenariat avec le musée national Jean-Jacques Henner (Paris).
Grâce à un parcours chronologique, cette rétrospective permet d’appréhender les périodes charnières de l’œuvre de Jean-Jacques Henner et ses thèmes de prédilections : les peintures religieuses, les paysages et nus idylliques, les portraits et têtes de fantaisies.
Cette exposition offre une confrontation inédite entre les œuvres majeures de cet artiste, réunies pour l’occasion et provenant de musées et collections privées, tant français qu’étrangers. En opposition formelle avec la technique des impressionnistes, Henner s’intéressa aux innovations de son temps mais au risque de passer pour un classique ou un « académique » il garda toujours sa propre voie. Henner ne fut ni un romantique, ni un impressionniste, ni au sens strict un réaliste, ni un symboliste, peut être un idéaliste… unique en son temps, simplement un passionné, un poète.
Commissariat : Céline Marcle, assistante de conservation au Musée des Beaux-Arts de Strasbourg, et Maeva Abillard, conservatrice au musée national Jean- Jacques Henner à Paris. Conseillère scientifique : Isabelle de Lannoy, historienne de l’art et auteure du catalogue raisonné de l’artiste.
Pour accéder au site des Musées de la Ville de Strasbourg cliquez ici :
Lien : www.musees.strasbourg.eu
EXPOSITION
À LA DECOUVERTE D’UN ATELIER DE CATHEDRALE – SIMON WOOLF
5e Lieu
26/11/2021-13/02/2022, du mardi au samedi 11-19h, le dimanche 11-17h
Entrée libre
Le photographe strasbourgeois Stéphan Woelfel alias Simon Woolf a suivi pendant plus d’une année le personnel de la Fondation de l’Œuvre Notre-Dame dans ses deux ateliers, à proximité de la cathédrale et dans le quartier de la Meinau, ainsi que sur la cathédrale de Strasbourg. La taille de pierre, la sculpture, la menuiserie, le dessin, la pose, la forge, la conservation, le sciage, le bardage mais aussi la gestion des collections de la Fondation sont interprétés à travers l’œil et l’objectif de l’artiste. Il a su capter gestes, attitudes et passion et ainsi illustrer la Fondation dans la diversité de ses savoir-faire, inscrits au Patrimoine culturel immatériel de l’Unesco avec 17 ateliers d’Europe en 2020.
Les liens suivants vous mèneront aux sites du 5e Lieu et de la Fondation de L’Œuvre Notre- Dame :
Liens : https://5elieu.strasbourg.eu et https://oeuvre-notre-dame.org
Le saviez-vous ?
L’Œuvre Notre-Dame, avec son atelier permanent, est créée dès le 13e siècle pour gérer, financer et assurer la reconstruction de la cathédrale de Strasbourg. Alors que peu de ces structures ont survécu en Europe, l’institution de Strasbourg poursuit toujours son œuvre et contribue de nos jours (grâce à son patrimoine foncier et immobilier) avec la Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC), à l’entretien et à la conservation-restauration du monument.
COVID-19
Attention : Dans le contexte de crise sanitaire liée au COVID-19, un certain nombre d’événements annoncés dans le calendrier et/ou dans nos « coups de cœur » peuvent être annulés et/ou reportés. Il est important de se renseigner en amont de la date de l’évènement, pour s’assurer de son maintien. Notre souhait est de vous donner une visibilité sur le panorama de la vie culturelle strasbourgeoise !