Semaine du 15 au 21 avril 2024 : RANDOM ACCESS MEMORIES
« Tout s’effacera en une seconde […] Dans les conversations autour d’une table de fête on ne sera qu’un prénom, de plus en plus sans visage, jusqu’à disparaître dans la masse anonyme d’une lointaine génération ». Annie Ernaux.
Comment se fabrique la mémoire ? De la banalité récurrente ou de l’évènement d’exception ? De ce qu’on souhaite retenir ou de ce qu’on souhaite effacer ? Comment le tri des souvenirs opère-t-il ? Pourquoi les traumatismes sont-ils à la fois si présents et si absentés ? Pourquoi se rappelle-t-on plus ce qu’on a perdu que ce que nous avons pu garder et est resté sous nos yeux ? Pourquoi l’oubli est-il si nécessaire ? Comment ne pas être troublé par l’inflation et le spectacle des retours et commémorations ? Trop de mémoire ? Et que dire des problèmes mémoriels que nous réservent à coup sûr nos archives sans matière ?
THÉÂTRE : VIELLEICHT – LUDOVIC CHAZAUD, NOÉMI MICHEL, CÉDRIC DJEDJE
TNS – Gignoux
Du lundi 15 au vendredi 19 avril 20h
30€ à 6€ / Prévente : billetterie du 5e Lieu au guichet / billetterie du TNS au guichet, par téléphone au n° 03 88 24 88 24, en ligne à l’adresse https://www.tns.fr/
Mêlant enquête documentaire, rituels de soin et fiction, Vielleicht − « peut-être » en allemand − explore les questions d’identité, de mémoire et de réparation. À Berlin, dans le « Quartier africain », des associations africaines et afro-allemandes luttent pour débaptiser trois rues honorant des colonisateurs allemands et pour les renommer en l’honneur de figures de la résistance africaine. L’acteur Cédric Djedje, concepteur du projet, et l’actrice Safi Martin Yé, deux artistes afro-descendants, évoquent la découverte de ce quartier portant les traces d’une histoire peu connue et les engagements des militants. Comment Histoire, vécu intime et quotidien dialoguent-ils dans la ville et les espaces publics ?
Toute l’actualité du TNS : https://www.tns.fr/
THÉÂTRE FILMIQUE : THE MAKING OF BERLIN – YVES DEGRYSE
Maillon
Mercredi 17, jeudi, 18, vendredi 19 avril 20h30
25€ à 6€ / Prévente : billetterie du Maillon au guichet, par téléphone au n° 03 88 27 61 81, en ligne à l’adresse https://maillon.eu/
Après leur touchant retour à Tchernobyl présenté au Maillon en 2017, le groupe BERLIN dresse avec The making of Berlin le portrait filmé d’une ville, à partir de la vie de l’un de ses habitants. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, le chef d’orchestre du Berliner Philharmoniker décide d’interpréter une dernière fois La Marche de Siegfried, tirée du Crépuscule des Dieux de Wagner. Tandis que pleuvent les bombes sur la capitale, les musicien·ne·s se réfugient dans sept bunkers de la ville pour répéter. À ce projet, qui finira par échouer, participe alors le régisseur d’orchestre Friedrich Mohr, que l’équipe de BERLIN a rencontré. Ensemble, secondés par la chaîne Radio Klara et l’orchestre de l’Opera Ballet Vlaanderen, ils relèvent par le film le pari fou de l’époque. Mais Friedrich Mohr est-il vraiment celui qu’il dit être ? Quelles sont les parts obscures de son histoire ? Où s’arrête la vérité, où commence l’imagination ? Jouant de la confusion entre réalité et fiction, The making of Berlin documente autant le projet lui-même qu’il révèle peu à peu les doutes de ses participants.
(en allemand, néerlandais et anglais surtitré en français).
Toutes les ressources en ligne du Maillon : https://maillon.eu/
PROJECTION : RÉMINISCENCES (RECOVERY) – RASHID MASHARAWI
Star
Mercredi 17 avril 20h
Tarifs cinéma / Prévente : caisse du cinéma
Une cité perdue en mer méditerranée, une mémoire ineffaçable qui s’obstine, de génération en génération, à la maintenir hors de l’oubli. Sources orales et images d’archives la font resurgir et le son la fait revivre. Comme si nous nous baladions dans ses ruelles et assistions à ses tout premiers spectacles et projections, Rashid Masharawi, le réalisateur palestinien nous fait visiter Jaffa, la ville natale de ses parents et grands-parents, forcés de s’en exiler en 1948.
« J’appartiens à une ville que je ne connais pas et que je n’ai jamais vue » déclare Rashid Masharawi, né à Gaza de parents réfugiés. Cette ville, c‘est Jaffa qu’il découvre à travers les récits de Taher Al Qalyubi, né en 1929, réfugié à Gaza en 1948. Face caméra, le vieil homme enregistre ses souvenirs sur cassette VHS. À partir de ce témoignage, d’images d’archives, de cartes postales et de photos de famille, Masharawi met en scène le quotidien des
Jaffaouis entre 1930 et 1948, date de la destruction et l’exil.
Un film présenté dans le cadre du festival du film palestinien du 16 au 20 avril.
Tous les films et les séances du festival : https://festivaldufilmpalestinien-strasbourg.fr/index.php/2024/03/24/hello-world/
PROJECTION : LES ANNÉES SUPER 8 – ANNIE ERNAUX, DAVID ERNAUX-BRIOT
Le Cosmos
Mardi 16 avril 20h15 dans la grande salle, et aussi lundi 15 avril 14h, vendredi 19 avril 17h40, dimanche 21 avril 19h40 en petite salle
Tarifs cinéma / Prévente : caisse du cinéma
« En revoyant nos films super huit pris entre 1972 et 1981, il m’est apparu que ceux-ci constituaient non seulement une archive familiale mais aussi un témoignage sur les loisirs, le style de vie et les aspirations d’une classe sociale, dans la décennie qui suit 1968. Ces images muettes, j’ai eu envie de les intégrer dans un récit croisant l’intime, le social et l’histoire, de rendre sensible le goût et la couleur de ces années-là. » Annie Ernaux
L’écrivaine et lauréate du prix Nobel 2022 Annie Ernaux, dont les romans et les mémoires lui ont valu les honneurs, ouvre un trésor avec ce délicat voyage dans la mémoire de sa famille. Compilé à partir d’images de films amateurs magnifiquement texturées de 1972 à 1981 filmées avec une caméra Super 8, ce portrait d’un temps, d’un lieu et d’un moment personnel qui a aussi sa signification politique nous emmène de la vie quotidienne aux vacances avec leurs rituels familiaux des banlieues françaises bourgeoises aux voyages à l’étranger. Fournissant sa propre voix off introspective, Ernaux et son co-réalisateur, son fils David, guident le spectateur à travers ces fragments d’une décennie.
Tous les films et les séances du Cosmos : https://cinema-cosmos.eu/
RENCONTRE : PERDRE LA MAIN – DOMINIQUE SIGAUD
Quai des Brumes
Jeudi 18 avril 19h
Gratuit sur réservation à l’adresse https://quaidesbrumes.com/
Dominique Sigaud fut l’une des rares femmes à couvrir le génocide des Tutsis au Rwanda. Vingt-cinq ans plus tard, les mots, elle les retrouvait, intacts, comme elle les avait agencés sur les pages d’un carnet pour organiser le chaos du monde, pour raconter les massacres et les assassins ivres d’alcool et de sang. Mais le récit ne s’écrivait toujours pas. La colline où toute l’horreur du génocide s’était écrite n’était pas le lieu central comme elle le pensait. Le lieu central, il lui a fallu trente ans pour comprendre que c’était le corps de cette jeune femme, croisée dans une boîte de nuit.
Réflexion sur la mémoire, le traumatisme et l’écriture, Perdre la main interroge la posture singulière du témoin, lorsque, sans être une victime directe, il est pris dans l’étau des événements. Tout en racontant ses doutes et ses blocages, Dominique Sigaud explore les possibilités de la langue et du corps confrontés à la catastrophe.
Toutes les ressources en ligne de la librairie : https://quaidesbrumes.com/