Chacune des créations d’Ikue Nakagawa débute par un dessin où une série d’esquisses lui permettant d’accéder à ses mondes intérieurs. Elle se nourrit ainsi de chacune des strates du mille-feuilles qui la compose, tout en se délaissant des limites des corps représentés ou dansés. Tamanegi, petit oignon à la fois piquant et sucré du Japon, constitue un étrange portrait familial où la chorégraphe évolue, seule, au milieu de cinq marionnettes à taille humaine. Composé alors que son père luttait contre la maladie, ce solo effeuille les couches protectrices d’une fratrie pour mieux en révéler les relations depuis le cœur. La danseuse donne vie aux personnages en les déplaçant. Malgré leurs visages figés, elle parvient à tisser des rôles, devenant aussi bien fille, sœur, mère qu’épouse. Ikue Nakagawa raconte par sa seule présence habitée le soin, le réconfort ou l’inconfort des liens filiaux, le poids qu’ils impliquent. Interprète remarquée chez Frank Micheletti (Archipelago, Tiger Tiger Burning Bright), elle danse ce qu’on ne voit pas, les ancêtres et les présences, composant un portrait sensible de ce qui nous ancre.