Semaine du 10 au 16 mars 2025 : CORPS POLITIQUES

Chaque semaine, retrouvez les coups de cœur du 5e Lieu !

Comment les corps sont travaillés par le politique, comment ils s’inventent entre assignations et potentiels de résistance et comment leur mise en scène, en tant qu’exposition d’une matière réflexive et sensible, peut être éminemment politique : c’est le très tendance sujet de la semaine. L’éditorial de Barbara Engelhardt pour le temps fort Corps politiques présenté par le Maillon du 12 mars au 4 avril, le dit bien mieux qu’on ne saurait le faire.

https://maillon.eu/temps-fort/7.corps-politiques/43.edito

THÉÂTRE : RECONSTITUTION : LE PROCÈS DE BOBIGNY – ÉMILIE ROUSSET, MAYA BOQUET

Maillon

Mercredi 12 mars 20h30, jeudi 13 et vendredi 14 mars 19h30

26€ à 3€ / Prévente : billetterie du Maillon au guichet, par téléphone au n° 03 88 27 61 81, en ligne à l’adresse https://maillon.eu/

Avec Reconstitution : Le procès de Bobigny, Émilie Rousset et Maya Boquet s’emparent du procès historique de Marie-Claire Chevalier et de sa mère pour l’avortement de la jeune fille suite à un viol. Moment crucial dans l’avancée des droits des femmes, ce procès mené par l’avocate Gisèle Halimi cristallise les pensées et combats féministes des années 70, avec les contributions de Simone de Beauvoir, de Delphine Seyrig ou de Michel Rocard. À partir de la retranscription du procès et de témoignages, sont mis en question à la fois le statut de l’archive et la résonance actuelle des thèmes abordés. Le dispositif fondé sur une expérience intime de l’écoute déconstruit l’aspect théâtral du procès afin que chaque spectateur mène son propre chemin d’appropriation et de compréhension, naviguant entre les interprètes comme autant de témoignages en adresse directe, entre lesquels les interstices invitent à la réflexion. Avec cette possibilité de mise en perspective, la pièce interroge sur la notion même de reconstitution et le décalage entre un événement, les documents produits et leur représentation.

Présenté dans le cadre du temps fort Corps politiques du 12 mars au 4 avril.

Le temps fort en détail : https://maillon.eu/temps-fort/7.corps-politiques

DANSE : NEW REPORT ON GIVING BIRTH – WEN HUI / LIVING DANCE STUDIO

Maillon

Jeudi 13, vendredi 14, samedi 15 mars 20h30

26€ à 3€ / Prévente : billetterie du Maillon au guichet, par téléphone au n° 03 88 27 61 81, en ligne à l’adresse https://maillon.eu/

Avec Report on Giving Birth, spectacle conçu à partir de témoignages de femmes sur leur accouchement, la chorégraphe chinoise Wen Hui s’est fait connaître sur les scènes européennes. 24 ans plus tard, elle se penche une nouvelle fois sur la façon dont le pouvoir assujettit les femmes et leur assigne un rôle et une fonction. Car par-delà la diversité des contextes culturels, le corps féminin demeure encore et toujours objet et enjeu du politique. Des nouvelles mesures d’encouragement à la natalité en Chine, à la remise en cause concrète de l’avortement aux États-Unis, en passant par les exactions perpétrées contre celles qui refusent de porter le voile en Iran, la coercition à l’endroit des femmes est une constante à laquelle doit s’opposer l’art. Wen Hui s’y emploie dans ce New Report on Giving Birth, qui met en scène quatre danseuses d’origines et d’âges différents. Dans cette œuvre fondée sur des rencontres et des archives, documents visuels et dialogues font entendre des récits de vie. L’énergie des corps est aussi celle d’une possible libération.

Présenté dans le cadre du temps fort Corps politiques du 12 mars au 4 avril.

Le temps fort en détail : https://maillon.eu/temps-fort/7.corps-politiques

PROJECTION : ATLANTIC BAR – FANNY MOLINS

Le Cosmos

Dimanche 16 mars 17h (petite salle)

Tarifs cinéma : Prévente : caisse du cinéma et https://cinema-cosmos.eu/

Dominant le paysage d’Arles, la Tour de la milliardaire Maya Hoffmann scintille par-dessus les ruelles comme une ombre arrogante qui les colonise peu à peu alors que, dans les interstices, les gens du coin tentent de sauver leurs espaces. L’Atlantic Bar est de ceux-là, accroché juste derrière les arènes et avant de traverser le boulevard qui ceinture le centre-ville. Il ne s’agit pas d’un documentaire sur la gentrification, mais cette tension est là, dans le regard de Fanny Molins, où se ressent la nécessité de témoigner d’une typologie de lieux qui disparaît et avec eux des corps et des récits qu’on oublie.

« On est des petits bourrins, et eux c’est des riches sans respect. » Là c’est Nathalie qui parle, qui avec Jean-Jacques tient le petit bistro en bout de rue. Pas branché pour un sou, le bistro populo, les verres pas chers, les habitués aux gueules marquées par les vies cabossées, où ça parle beaucoup, ça rigole, ça raconte à peine les peines, ça danse et ça fête. Malgré la menace brandie par un propriétaire ou un promoteur qui ne voient pas plus loin que leur portefeuille qu’un monde risque de s’écrouler comme ça d’un seul coup… Dans ce film, paroles et regards, sans désillusions, bousculent et tanguent, émeuvent et touchent, tandis que certitudes et préjugés prennent le large, pour notre plus grand bien.

Le cycle #17 « Méditerranée » du 19 février au 1er avril : https://cinema-cosmos.eu/

PROJECTION-RENCONTRE : INDIANARA – AUDE CHEVALIER-BEAUMEL, MARCELO BARBOSA

Médiathèque Malraux

Jeudi 13 mars 20h30

Entrée libre

Indianara est le titre du film mais avant tout le prénom d’une femme pour qui tout est question d’amour, d’amitié et de solidarité. En suivant cette militante transgenre, les cinéastes nous plongent dans une vie de combat, où chaque jour il s’agit de tenir face à la répression, au mépris. Ici les corps, filmés sans fausse pudeur, s’assument, résistent, jamais ne se résignent. Ils nous font découvrir de fragiles existences où la fierté de la différence devient aussi un espace de joie communicative. Toujours au plus près de ce qui se joue sous nos yeux, la caméra saisit cette vitalité sans évacuer l’affolante réalité qui sans cesse rattrape les individus. Indianara est un film où l’intimité déborde l’action politique. C’est une œuvre qui se donne à nous comme un manuel de survie en terrain hostile, comme un pamphlet d’une immense richesse poétique. C’est enfin la démonstration que partout où nos libertés sont assiégées, c’est encore en puisant au plus profond de nos différences que nous trouverons la force de construire un idéal commun.

Un film présenté dans le cadre du cycle « Amnesty International », en présence de Brigitte Dodu, présidente de l’antenne Strasbourg.

Le portail des médiathèques : https://www.mediatheques.strasbourg.eu/

PERFORMANCE : JULIETA – JULIO FER / MARIHANA ZARATE

Quai de Scène

Jeudi 13 et vendredi 14 mars 20h

25€ à 6€ / Prévente : https://quaidescene.fr/

Le texte de Julio Fer est un pamphlet provocateur ouvertement politique écrit en verset, et qui ressuscite la Juliette de Shakespeare pour créer un virus de justice féministe sur le net. Juliette veut racheter la réalité de son atrophie paroxystique pour inciter à l’action.

La résurrection de Juliette, de la tradition littéraire, est la résurrection d’une infamie contre les femmes, perpétrée pendant des siècles par les coutumes racontées à travers la culture elle-même. Dans le texte, cette Juliette s’est réveillée de son inaction – celle qui correspondait à la femme depuis l’Antiquité –, et se manifeste dans son authentique essence. Contre la faiblesse associée au féminin.

Juliette, performée ici par Marihana Zarate, se présente avec une force brute contre-culturelle, donnant un sens à la vengeance et à la dissémination de la rébellion.

À l’affiche de Quai de Scène : https://quaidescene.fr/