Semaine du lundi 22 au dimanche 28 novembre 2021 : Subversion et résistance

Chaque semaine, retrouvez les coups de cœur du 5e Lieu !

La subversion (du latin subvertere : renverser bouleverser) est un processus d’action sur l’opinion, par lequel les valeurs d’un ordre établi sont contredites ou renversées.

Chacun peut lui conférer un sens positif ou négatif, en fonction de sa propre position par rapport aux valeurs du système en place. Mais elle est souvent l’objet de censure et de répression par les autorités.

La subversion peut être appliquée dans de nombreux domaines, partout où l’on se réclame de valeurs et de normes : politique, militaire, social, culturel, artistique…

Elle constitue souvent un outil utilisé pour déstabiliser ou renverser un système, par exemple, dans le cas d’une révolution ou bien d’une guerre, afin de fragiliser l’ennemi de l’intérieur. Elle peut aussi – plus simplement – servir à faire évoluer les valeurs du système en les remettant en cause.

Cette semaine, les évènements d’élection du 5e Lieu feront état de postures subversives et de conduites résistantes. Certains de ces évènements, travaillés eux-mêmes de l’intérieur par la subversion, pourront le faire de manière à vous déranger.

Âpretés, troubles, ravages… sont au programme de cette semaine qui n’ira donc pas en douceur.

La chorégraphe Robyn Orlin, avec l’écriture énergique qu’on lui connaît, donnera corps aux résistances sublimées et fantasques des rickshaws zoulous. Gisèle Vienne mettra en scène une déflagration familiale provoquée par le mitage d’un ordre établi (parasité d’anomalies transgressives). Pauline Haudepin, dans un autre huis clos familial implosif, interrogera la violence d’une subversion menée « à la manière douce ». Manon Labry, au cours d’une conférence sonore, vous instruira sur le mouvement insurrectionnel des riot grrls.

Dans la suite logique l’émeute n’est pas loin… Aussi, nous vous proposons, pour la fin de semaine, de déroger à la règle (à notre règle) en vous invitant a contrario à l’apaisement. Par son insolite et rare programme, le concert Silence(s) interprété par l’Orchestre Philharmonique de Strasbourg vous remettra des tourments de l’intranquilité et calmera les humeurs rétives.

DANSE

WE WEAR OUR WHEELS WITH PRIDE AND SLAP YOUR STREETS WITH COLOR… WE SAID « BONJOUR » TO SATAN IN 1820 – ROBYN ORLIN / MOVING INTO DANCE MOPHATONG (2020) (1h10)

Pole-Sud

Mardi 23, mercredi 24, jeudi 25 novembre 2021   20h30

17€ à 6€ / Billetterie Pole-Sud, au guichet, par téléphone au 03 88 39 23 40, en ligne à l’adresse www.pole-sud.fr

La chorégraphe Robyn Orlin, « enfant terrible » de la danse contemporaine sud-africaine, puise dans ses souvenirs d’enfance du temps de l’apartheid pour créer un hommage aux flamboyants rickshaws zoulous. Ces pousse-pousse sont menés par des « tireurs » à la démarche bondissante « semblant danser, les corps suspendus dans les airs ». Ces derniers rivalisaient d’inventivité, personnalisant leurs véhicules et leurs costumes avec des coiffes monumentales, faites de plumes, de perles et de cornes de vache, contrevenant à la stricte réglementation coloniale.

Robyn Orlin salue leur beauté, leur solidarité, tout en montrant que ces qualités sont une sublimation et l’expression d’une résistance à leur condition.

Depuis les années 90, Robyn Orlin développe un univers scénique à l’intérieur duquel se manifeste un regard critique sur le monde qui l’entoure, à commencer par son pays l’Afrique du Sud. Et c’est parce que la danse pour Robyn Orlin est indissociable de l’engagement politique qu’elle a développé son écriture en résistance à l’égard de la danse classique « danse de l’élite blanche » qui fut pourtant sa formation initiale, pour créer une forme de danse très théâtralisée, multimedia (intégrant textes, vidéo, arts plastiques…), proche de la performance.

La pièce présentée cette semaine est interprétée par 6 danseurs vêtus de costumes flamboyants.

Pour accéder au site de Pole-Sud ainsi qu’à la billetterie en ligne du spectacle, cliquez ici :

Lien : www.pole-sud.fr

Le saviez-vous ?

En marge de ces représentations, vous pourrez rencontrer la chorégraphe Robyn Orlin à deux occasions : le lundi 22 novembre à 18h30 à la BNU pour la conférence Gestes du monde, entre identité et mémoire (gratuit / réservation bnu.fr) ; le jeudi 25 novembre à 19h à Pole-Sud pour un échange impromptu (gratuit / réservation m.caboche@pole-sud.fr)

THÉÂTRE

L’ETANG – ROBERT WALSER / GISELE VIENNE (2020) (1h25)

Maillon

Mercredi 24, jeudi 25, vendredi 26, samedi 27 novembre 2021 20h30

24€ à 6€ / Billetterie Maillon: au guichet, par téléphone 03 88 27 61 81 ou en ligne à l’adresse www.maillon.eu

Théâtre. Mise en scène de Gisèle Vienne. Adaptation d’un court texte de jeunesse de l’écrivain suisse Robert Walser (1878-1956)

L’Étang expose au regard les plis et replis d’une histoire d’amour filial. Ce drame familial se distingue dans l’œuvre de Robert Walser. Il s’agit d’un texte privé offert à sa sœur, l’unique qu’il écrira en suisse-allemand. C’est l’histoire d’un enfant qui se sent mal aimé par sa mère et simule, dans son désespoir, un suicide pour vérifier l’amour qu’elle lui porte.

Interrogeant les conventions du théâtre et de la famille, L’Étang pose notamment la question de l’ordre, de la norme sociale et de sa représentation partagée, des règles, de leur respect et de leur transgression, qui semblent être une préoccupation centrale et un plaisir jubilatoire dans l’œuvre de Walser.

Des questionnements depuis longtemps au cœur du travail de Gisèle Vienne sont ici mis en abyme à travers le texte et le dispositif scénique : Quels sont les enjeux ici ? Que se joue-t-il entre les lignes et sur scène ? Quelles sont les différentes strates de langues, des narrations aux paroles, formulables ou non qui composent notre perception, notre compréhension, nos échanges ?

Deux comédiennes, Adèle Haenel et Ruth Vega Fernandez incarnent tous les rôles :  respectivement un et deux personnages tout en prêtant leurs voix à d’autres figurés par des poupées affalées au sol. Saturations et altérations de sons, mouvements ralentis, distorsion de temps, induisent un monologue à 10 voix qui vire vite au cauchemar éveillé et à la mise en lambeaux de la famille (à l’image de la fracturation de ceux qui la composent). Le spectacle, prenant la forme d’un univers où se superposent des rythmes et des temporalités parfois contradictoires, où jeux de mise en abyme du sens et du temps perturbent l’organisation apparente de la pièce, suggère en sous-main un chaos âprement troublant.

Pour retrouver l’évènement et acheter vos billets en ligne, cliquez ici :

Lien : www.maillon.eu

THÉÂTRE

CHERE CHAMBRE – PAULINE HAUDEPIN (2021) (2h)

TNS – GIGNOUX

Jeudi 25, vendredi 26, samedi 27 novembre 2021  20h, dimanche 28 novembre 2021  16h (autres représentations jusqu’au 5 décembre)

30€ à 6€ / Billetterie TNS: au guichet, par téléphone au 03 88 24 88 24 ou en ligne à l’adresse www.tns.fr

Théâtre. Texte et mise en scène de Pauline Haudepin

C’est une pièce sur la subversion (menée à la manière douce) : Chimène, réincarnation contemporaine de la jeune Violaine sacrificielle de Paul Claudel, est une jeune femme dont on pourrait dire qu’elle a tout pour être heureuse : une famille aimante, une compagne amoureuse et aimée…. Pourquoi décide-t-elle un soir de quitter sa chambre et d’offrir son corps et sa tendresse à un inconnu atteint d’un mal contagieux incurable?

Que penser de cette empathie, de cet « amour du prochain » dirigé hors du cocon familial ?

Comment ses proches ré-agiront-ils en apprenant ce geste gratuit incompréhensible qui condamne une vie?

La pièce s’ouvre donc sur un drame familial où la maladie vient secouer hypocrisies sociales et soif d’absolu. La sphère familiale s’élargit à la sphère sociale, la pièce atteignant alors une dimension onirique.

Les interprètes sont au nombre de cinq. Quant au décor : quelques éléments de mobilier domestique: chaises, lampe…, ou le choix du cadre le plus familier pour en souligner la fragilité. Car dans le geste extrême par lequel elle exprime sa liberté, Chimène déplace les limites et ouvre la boîte à tabous sur laquelle tous ses proches sont assis, déployant une dangereuse danse entre l’acceptable et l’interdit, la norme et l’informe, la conformité et la subversion.

À quel ordre, à quelle puissance attribuons-nous ce que nous transgressons ? Et cette transgression nous rend-elle moins humains ?

Activez ce lien pour accéder aux ressources TNS sur le spectacle ainsi qu’à la billetterie en ligne :

Lien : www.tns.fr

CONFÉRENCE

RIOT GRRRLS. CHRONIQUE D’UNE REVOLUTION PUNK FEMINISTE,

Conférence musicale par Manon Labry

Médiathèque Malraux

Mercredi 24 novembre 2021 18h

Entrée libre

Au début des années 1990, de jeunes féministes nord-américaines lançaient du fond de leurs tripes un cri de colère et de ralliement dans le milieu punk underground : « Revolution, Grrrl Style, Now ! » La culture riot grrrl – littéralement, les « émeutières » – était en train de naître. Des groupes comme Bikini Kill ou Bratmobile partaient à l’assaut de la production musicale, décidés à rendre « le punk plus féministe et le féminisme plus punk ».

Leur offensive fut une secousse incroyablement positive pour toute une génération assommée par la culture mainstream. Car les riot grrrls ont été bien davantage qu’un simple courant musical : appliquant les principes du Do-It-Yourself, elles ont construit une véritable culture alternative, dont la force de frappe tient en une « proposition » que suivront des milliers de jeunes femmes : celle d’oser devenir qui elles sont et de résister corps et âme à la mort psychique dans une société capitaliste et patriarcale.

Manon Labry, docteur en civilisation nord-américaine, retrace l’histoire de cette révolution politique et culturelle dans son livre Riot Grrrls. Chronique d’un révolution punk féministe (Editions La Découverte). Elle y déploie une écriture punk bien frappée qui entremêle paroles de chansons, témoignages, réflexions personnelles, extraits de fanzines et illustrations pour faire la chronique d’une génération.

Téléchargez le programme Novembre 2021 des médiathèques en lien sur le site des médiathèques de l’Eurométropole

Lien : www.mediatheques.strasbourg.eu

Le saviez-vous ?

Le mouvement kinderwhore est un style vestimentaire féministe au sein des groupes féminins de grunge et de punk-rock américains des années 1990. Proche du mouvement riot grrrl, le kinderwhore use de l’apparence des stéréotypes de la féminité et plus spécifiquement du rôle de genre de la « good girl » tout en les accentuant et les débauchant.

Ce look, composé de nuisettes froissées ou déchirées, robes à col Claudine, chaussettes montantes, barrettes, maquillage prononcé, grosses chaussures de cuir de type chaussure de sécurité ou Dr. Martens et de babies influencera la mode des années 1990 par les tenantes du mouvement telles que Courtney Love ou Kat Bjelland et ainsi que celle des années 2010.

JEUNE PUBLIC

SILENCE(S) – ORCHESTRE PHILHARMONIQUE DE STRASBOURG (concert adapté au jeune public à partir de 7 ans)

Palais de la Musique et des Congrès – Salle Erasme

Samedi 27 novembre 2021 17h

10€ 6€ / Billetterie OPS, au guichet, par téléphone au 03 68 98 68 15 ou en ligne à l’adresse www.philharmonique.strasbourg.eu , et aussi : Billetterie du 5e Lieu au guichet

Programme :

Symphonie n°1 en do m, 1er mouvement – Brahms + Symphonie n°64 en la M, 2e mouvement – Haydn + Cinq pièces pour orchestre, Sehr ruhig und zart – Webern +

 Shadows of Stillness – Senk + Dardanus, Acte 4 Scène 2: Sommeil – Rameau + Ma Mère l’Oye, Pavane de la Belle au Bois Dormant – Ravel + In Futurum – Schulhoff + Symphonie n°45 en fa d m « Les Adieux », finale – Haydn + Sculptures musicales – Cage + Symphonie n°7 en la M, 3e mouvement – Beethoven

(direction: Lucie Leguay / conception et présentation: Clément Lebrun).

En musique ou en solfège, le silence – pause, demi-pause, soupir, demi-soupir, quart de soupir, huitième et seizième de soupir – est un symbole musical placée sur la portée. Il indique l’interruption momentanée du son dans l’exécution de l’oeuvre musicale.

Fonction du silence en musique :

Selon la manière dont un compositeur l’exploite dans sa musique, le silence peut exprimer des choses très différentes :

Respiration

C’est à ça que sert le silence avant tout. Il est utilisé pour articuler/aérer un phrasé musical, à l’image de la virgule ou du point. Le silence peut ainsi ralentir ou dynamiser le mouvement d’un phrasé.

Mise en valeur rythmique

Exploité dans les syncopes ou avec certains accents, le silence peut rendre un phrasé plus incisif, plus nerveux et dynamique.

Formelle

Typiquement, le silence encadre le début et la fin d’une oeuvre, c’est à lui que l’on fait appel lorsque l’on veut introduire un morceau. Au cinéma, c’est l’équivalent de l’écran noir avant le début film. On l’utilisera aussi pour séparer les différents mouvements d’une oeuvre. Dans ce cas, la fonction du silence est de structurer et de rendre le propos plus compréhensible.

Dramatique

Utilisé comme suspension, comme interruption, comme respiration retenue, comme élément rendant une avancée difficile, par exemples ; le silence peut devenir un élément narratif majeur. Il met alors en valeur l’action et peut insuffler la vie à un phrasé musical trop mécanique.

La musique n’est donc pas simplement un art du son ; la musique est l’art d’entremêler sons et silences.

Il faut par ailleurs ajouter que le concert que nous présentera l’Orchestre Philharmonique de Strasbourg entend le(s) silence(s) au sens large et qu’ainsi le répertoire sélectionné (du baroque à nos jours) nous mènera également à ces musiques à demi-mots, susurrées, chuchotées guidant nos oreilles à débusquer jusqu’aux aux infra-sons, pour une expérience sonore tout en surprises et en nuances.

Le lien suivant vous mènera au site de l’Orchestre Philharmonique de Strasbourg

Lien : www.philharmonique.strasbourg.eu

Le saviez-vous ?

La pièce 4’33’’ de John Cage n’est composée que de silences. Cette œuvre du compositeur de musique contemporaine, expérimentale et minimaliste, a été interprétée pour la première fois le 29 août 1952. Controversée encore aujourd’hui, elle a pu être perçue comme une provocation de la définition même de la musique. Cage considérait que « le silence est une vraie note », désignant par là l’ensemble des sons non voulus par le compositeur. Il souhaitait dépasser les limites expressives de la partition en laissant les bruits environnants dénués d’intention musicale s’intégrer dans l’œuvre, créant ainsi une ambiance sonore générée aléatoirement. Tousser en plein concert n’est alors plus perçu comme une pollution sonore, mais comme élément sonore intégré à la performance de l’œuvre. Et puisque le bruit des activités environnantes devient un véritable matériau musical pour le compositeur, le silence (le vrai silence) ne peut par définition plus exister.

COVID-19

Attention : Dans le contexte de crise sanitaire liée au COVID-19, un certain nombre d’événements annoncés dans le calendrier et/ou dans nos « coups de cœur »  peuvent être annulés et/ou reportés. Il est important de se renseigner en amont de la date de l’évènement, pour s’assurer de son maintien. Notre souhait est de vous donner une visibilité sur le panorama de la vie culturelle strasbourgeoise !

#5eLieu