13 - 19 décembre 2021 : Entre-deux (et tout à la fois)

Chaque semaine, retrouvez les coups de cœur du 5e Lieu !

L‘âne de Buridan est une fable philosophique célèbre, attribuée au philosophe scolastique Buridan et mettant en scène un âne qui se laisse mourir de faim, faute d’avoir pu choisir entre un plat d’avoine et un seau d’eau.

C’est, contrairement à ce que l’on croit généralement, une preuve par l’absurde que, dans la réalité le choix se fait toujours et qu’il y a un dynamisme de l’acte indépendant de tout motif objectif.

Au 5e Lieu, dans l’humeur qui est la nôtre cette semaine, nous faisons le pari de savoir être un âne qui choisit et se débrouille pour boire et manger tout à la fois d’un seul coup. C’est en tenants du « à la fois » et des « entre-deux » que nous avons sélectionné nos évènements coups de cœur. Des évènements dans lesquels s’affichent clairement deux pôles opposés, lesquels interagissent sur le mode des correspondances, des connivences, des passages, voire de la fusion plus que sur celui du franc contraste et du conflit ouvert.

Tandis que les somptueuses valeurs de gris opérant entre les noirs et les blancs en dessinent l’esthétique, et que les fines variations émotionnelles (Humphrey Bogart dans le tourment de la difficile conciliation de l’amour et de la vertu) en tendent la trame narrative, Casablanca, chef d’œuvre du 7èmeArt, fait figure d’annonce aux entre-deux de la semaine et inaugure notre série.

Le lendemain, les correspondances entre sonorités de l’Ancien et du Nouveau Monde se laisseront deviner dans un programme audacieux du ténor américain Lawrence Brownlee invité en récital à l’Opéra national du Rhin.

À partir du jour d’après, début et fin, viendront se confondre en XYZ, chorégraphiée par Georges Appaix (une œuvre ultime, paradoxalement, comme à ses balbutiements).

Au cours du week-end (et avec le 5e Lieu !) : sport et culture pour une fois iront de pair en un inédit alliage qui, satisfaisant corps et esprits, prendra la forme d’une visite-conférence à pédales.

Enfin, c’est tout au long de la semaine que Les mondes flottants de Stéphane Belzère exposeront au MAMCS leurs ambivalences, comme autant d’oscillations entre figuration et abstraction, effets de profondeurs et effets de surface, corps liquides et corps solides…

CINÉMA

CASABLANCA – MICHAEL CURTIZ (1942) (1h42)

Cinéma Star

Lundi 13 décembre 2021 19h30

Tarifs cinéma / Prévente : caisse du cinéma et www.cinema-star.com

Interprété principalement par Humphrey Bogart, Ingrid Bergman, Paul Henreid et Claude Rains, le film se déroule pendant la Seconde Guerre mondiale dans la ville marocaine de Casablanca, alors contrôlée par le gouvernement de Vichy. Le sujet majeur est le conflit de Rick Blaine (Humphrey Bogart) entre l’amour et la vertu : car comment donc choisir entre ses sentiments pour Ilsa Lund (Ingrid Bergman) et son besoin de faire ce qui est juste pour aider le mari de celle-ci, le héros de la Résistance, Victor Laszlo, qui doit fuir pour continuer son combat contre les nazis.

Rick Blaine est propriétaire du Rick’s Café. Ce night-club huppé attire une clientèle variée, y compris de petits délinquants tel Ugarte, venu avec des « lettres de transit » à revendre. Ces précieux documents permettent à la personne qui les possède de voyager vers le Portugal, puis de gagner l’Amérique. Avant que la transaction ne puisse avoir lieu, Ugarte est arrêté par la police locale, non sans avoir réussi au préalable à confier les lettres à Rick. Dès lors les tourments se focalisent en la personne de Rick puisqu’au même moment son amour perdu, Ilsa (elle aussi toujours amoureuse) arrive avec son mari, chef de la résistance tchèque recherché par les nazis, les époux s’avérant être les destinataires prévus des sauf-conduits d’Ugarte. Dès lors se déploient les déchirements de Rick (détenteur des passeports), redoutant de choisir entre la préservation de son amour et ses convictions politiques.

Lauréat de l’Oscar du meilleur film en 1943, Casablanca est considéré depuis 2007 comme le troisième plus grand film américain, derrière Citizen Kane et Le Parrain, par l’American Film Institute.

Pour accéder au site du cinéma ainsi qu’à la billetterie en ligne de la séance, cliquez ici :

Lien : www.cinema-star.com

Le saviez-vous ?

Si le film Casablanca est exceptionnellement projeté, c’est en marge de l’exposition La Marseillaise présentée au MAMCS. En effet, il s’agit non seulement d’un film militant des valeurs de liberté et de résistance, mais l’une de ses scènes cite le chant révolutionnaire:

Au café, alors que Laslo négocie avec Rick pour l’obtention des sauf-conduits, ils sont interrompus par un groupe d’officiers nazis qui se mettent à chanter Die Wacht am Rhein, un hymne patriotique allemand. Ne supportant pas cet affront, Victor Laszlo somme l’orchestre de jouer La Marseillaise avec la permission de Rick. Il se met à chanter, d’abord seul, puis rejoint par toute l’assemblée gagnée par sa ferveur patriotique, couvrant ainsi le chant des Allemands.

MUSIQUE

LE NOUVEAU MONDE DU BEL CANTO – RECITAL LAWRENCE BROWNLEE (TENOR)

(Accompagnement au piano : Giulio Zappa)

Opéra national du Rhin

Mardi 14 décembre 2021 20h

48€ à 6€ / Prévente : Billetterie Opéra national du Rhin, au guichet, par téléphone au 08 25 84 14 84, en ligne à l’adresse www.operanationaldurhin.eu  et billetterie du 5e Lieu au guichet

Programme : Negro Spirituals & mélodies de Rossini, Bellini, Verdi, Marx, Ginastera, Moore

Grand spécialiste du bel canto, le ténor américain Lawrence Brownlee dresse un pont musical entre les rives de l’Ancien et du Nouveau Monde avec un programme audacieux. La ferveur des negro spirituals côtoie le raffinement des maîtres de l’opéra italien du XIXe siècle et de leurs héritiers de part et d’autre de l’Atlantique.

Pour retrouver l’évènement et acheter vos billets en ligne, cliquez ici :

Lien : www.operanationaldurhin.eu

Le saviez-vous ?

L’histoire de la musique afro-américaine est étroitement liée à celle de l’esclavage. Dès leur arrivée aux États-Unis en 1619, les esclaves noirs venus d’Afrique sont victimes d’un phénomène d’acculturation et se réinventent des liens communautaires (qui ne peuvent plus être ceux de l’Afrique) et se créent des biens immatériels : prière, spiritualité, musique, à travers des chants de travail qui sont à l’origine des negro spirituals (chants religieux a cappella) qui apparaissent au XVIIIe siècle en lien avec le développement des églises noires. Ces negro spirituals s’appuient surtout sur l’Ancien Testament, notamment le Livre de l’Exode qui raconte l’émancipation du peuple hébreu, cette référence biblique portant avant tout l’espoir des esclaves américains de se libérer eux aussi du joug de leurs maîtres.

Ces chants d’espérance vont peu à peu (vers 1930) donner naissance au gospel, qui se différencie notamment par des textes inspirés du Nouveau Testament, un rythme plus accusé et un ajout instrumental. Puis, au cours du XXe siècle, gospel et spirituals donneront naissance au blues, rhythm and blues, jazz et soul.

SPECTACLE

XYZ OU COMMENT PARVENIR À SES FINS – GEORGES APPAIX / Cie LA LISEUSE (2019) (1h)

Pole-Sud

Mercredi 15 et jeudi 16 décembre 2021 20h30

17€ à 6€ / Prévente : Billetterie Pole-Sud, au guichet, par téléphone au 03 88 39 23 40 et en ligne à l’adresse www.pole-sud.fr

Comment parvenir à ses fins ? Telle est la question que se pose Georges Appaix dans cette pièce ultime, XYZ ou comment parvenir à ses fins, qui jongle avec la mémoire et le temps pour clore le parcours de 35 ans d’un chorégraphe dont l’écriture privilégie la langue (écrite, orale, voire chantée) comme moteur rythmique (les titres de ses spectacles depuis 1985 étant d’ailleurs créés par ordre alphabétique).

Avec 7 danseurs d’âges et d’expériences différentes, le chorégraphe présent sur scène développe comme à son habitude un langage qui s’appuie sur le fragment. Des fragments de natures différentes qui se succèdent, se heurtent, comme de micro éléments de sens qui par opposition, contagion, rupture, produiraient un sens « + », complexe et diffus… garantissant une réception plus ouverte.

C’est ainsi que lettres, voix, musiques, images, vignettes dansées se télescopent (entre abstraction et narration où se mêlent humour et poésie) à l’image d’un abécédaire dont la pièce élémentaire (la lettre) combinée à 26, produit un champ immense. Ce monde instable, qui hésite et bifurque étant lui-même le résultat dans le processus créatif, d’hésitations, de hasards, d’idées lancées comme « pour du beurre »… façon « insoutenablement légère » de ne surtout pas prendre le pouvoir sur le spectateur. Et c’est ainsi, b-a-ba pour un xyz, qu’un ultime spectacle semble en être à ses premiers pas…

Activez ce lien pour accéder aux ressources de Pole-Sud sur le spectacle ainsi qu’à la billetterie en ligne :

Lien : www.pole-sud.fr

VISITE

« RENDEZ-VOUS STRASBOURG »: BALADE A VELO LA CULTURE C’EST AUSSI DU SPORT !

À la découverte de l’histoire de la communauté juive à Strasbourg (1h30)

Rendez-vous : Parvis du 5e Lieu

Samedi 18 décembre 2021 14h30

5€ / Prévente : à l’accueil du 5e Lieu au guichet et en ligne !

Ce parcours vous conduira de la cathédrale à la place des Halles, pour se clore dans la Neustadt devant la synagogue, avenue de la Paix.

Accédez à la billetterie en ligne du 5e Lieu en cliquant sur ce lien : https://billetterie-5elieu.strasbourg.eu/0477/fListeManifs.aspx?idstructure=0477https://5elieu.strasbourg.eu

Le saviez-vous ?

Dans l’exposition permanente du 5e Lieu, Un voyage à Strasbourg, une salle est dédiée aux espaces du sacré. Vous y trouverez, entre autres, une maquette en bois de la grande synagogue de la Paix, située au bord du parc du Contades dans le quartier de la Neustadt.

EXPOSITION

MONDES FLOTTANTS – STEPHANE BELZERE

MAMCS

Du 3 décembre 2021 au 27 août 2023

Prix : entrée du musée

Au milieu des années 1990, le peintre Stéphane Belzère (né en 1963), nourri de cultures française, suisse et allemande, décide d’installer son chevalet dans la salle dite des « Pièces Molles » du Museum National d’Histoire Naturelle de Paris. C’est là le départ d’une aventure picturale qui durera jusqu’à maintenant, au fil de laquelle l’artiste va habiter sa toile d’un motif récurrent, sinon obsessionnel : le bocal.

Sujet de nombreuses variations, le bocal est accumulé, prodigieusement agrandi, traversé par le regard de l’artiste – y compris depuis l’intérieur du contenant – jusqu’à devenir un immense paysage indéchiffrable. Invité à investir une salle du parcours permanent du MAMCS, le peintre engage ce faisant un dialogue avec les collections du Musée Zoologique (actuellement fermé pour travaux) en réunissant une partie de la collection de bocaux renfermant mammifères, reptiles et amphibiens qu’il conserve. Ces « Mondes Flottants », oscillent entre plusieurs échelles et types de présentations qui les rendent tantôt très réalistes tantôt indéchiffrables où s’affirme un travail singulier sur la lumière, la couleur et la transparence. Le bocal, contenant ordinaire d’univers qui ne le sont pas et source d’inspiration inextinguible pour le peintre conduit ce dernier vers un univers plastique dansant sur la frontière entre figuration et abstraction, entre attraction et répulsion, entre objet artistique et scientifique.

Au sein d’une salle pensée comme une vaste parenthèse immersive au cœur du parcours des collections, « Mondes Flottants » est une exposition d’un genre nouveau dans l’histoire du MAMCS. Dialogue entre deux natures de collections différentes, elle offre au regard une confrontation entre une proposition contemporaine et un patrimoine scientifique qui viennent se compléter et s’éclairer réciproquement.

Commissariat : Estelle Pietrzyk, conservatrice en chef du MAMCS

En partenariat avec le Musée Zoologique

Le lien suivant vous mènera au site des musées de la Ville de Strasbourg

Lien : www.musees.strasbourg.eu

Le saviez-vous ?

Le titre « Mondes Flottants » emprunte son nom à l’art japonais de l’ukyo-e, littéralement « images du monde flottant ». Ce courant artistique japonais de l’époque d’Edo (1603-1868), comprenant non seulement une peinture populaire et narrative originale, mais aussi et surtout les estampes japonaises gravées sur bois est caractérisé par l’introduction de sujets ordinaires dans une peinture encore très codifiée.

Ce changement dans les formes artistiques accompagne en fait une évolution sociale et économique (émergence d’une bourgeoise urbaine et marchande / perte d’influence de l’aristocratie militaire). Ainsi, à côté de ces nouveaux sujets (de ceux correspondant aux centres d’intérêt de la bourgeoisie) se développe aussi l’estampage permettant une reproduction sur papier peu coûteuse.

Très prisé mais passant pourtant au Japon pour vulgaire parce qu’il valorise des sujets issus du quotidien et se voit publié massivement grâce à la technique d’impression de l’estampe, ce genre connaît à la fin du XIXe siècle un succès d’estime auprès des Occidentaux. Dès 1858, alors que le Japon est contraint d’accepter le commerce avec le monde occidental, l’arrivée en grande quantité de ces estampes japonaises en Europe et la naissance du japonisme influencent alors fortement la peinture européenne et, en particulier, l’école de Pont-Aven avec Camille Pissarro, Paul Cézanne, Émile Bernard puis Paul Gauguin, et les impressionnistes.

COVID-19

Attention : Dans le contexte de crise sanitaire liée au COVID-19, un certain nombre d’événements annoncés dans le calendrier et/ou dans nos « coups de cœur »  peuvent être annulés et/ou reportés. Il est important de se renseigner en amont de la date de l’évènement, pour s’assurer de son maintien. Notre souhait est de vous donner une visibilité sur le panorama de la vie culturelle strasbourgeoise !

#5eLieu